Soutien au deuil
Lors d’une soirée d’échanges sur le thème du deuil, je me suis aperçue que de
nombreuses personnes portent encore énormément de souffrance en elles des
années après le départ de certains proches.
Sans chercher à « convaincre » qui que ce soit, j’avais envie de partager un extrait
d’un livre 1 du Dr. Jean-Jacques Charbonnier (médecin anesthésiste réanimateur),
devenu spécialiste des expériences de mort provisoire (aussi appelées EMI –
expériences de mort imminente ou NDE en anglais – near death experiences) :
« Notre vie terrestre pourrait être mise en parallèle avec celle d’un fœtus dans le
ventre de sa mère.
Imaginons, pour la démonstration la discussion de jumeaux flottant dans le liquide
amniotique à la fin d’une grossesse. Appelons-les Gabriel et Léon. Léon est un
matérialiste qui ne croit qu’à ce qu’il perçoit dans sa vie intra-utérine. Son frère
Gabriel est spirituellement plus évolué et pense qu’une vie différente de celle qu’il
subit depuis près de neuf mois est tout à fait possible. Ils communiquent par
télépathie.
Léon : Tu crois qu’il existe une vie après la naissance ?
Gabriel : Bien-sûr. Tout le monde sait qu’il y a une vie après la naissance.
Léon: Dans ce cas, qu’est-ce qu’on ferait ici, alors ? Cette vie intra-utérine serait
stupide et complètement inutile !
Gabriel : Nous sommes ici en transit pour grandir et être assez forts. Nous nous
préparons pour ce qui nous attend après.
Léon: Ouais, l’espoir fait vivre ! Tout ça, ce ne sont que des conneries ! Il ne peut
pas y avoir une vie après la naissance !
Gabriel : Mais pourquoi donc ?
Léon: Parce que personne n’est revenu de cet utérus après sa naissance pour nous
dire qu’une vie existait de l’autre côté. Si personne n’est revenu, ça veut dire qu’il n’y
a qu’une seule vie possible et que c’est celle que nous vivons ici, un point c’est tout !
Gabriel : Mais pourtant, il existe bien des signes d’une vie après la naissance, des
choses qui prouvent que des événements se passent en dehors d’ici.
Léon: Ah bon ? Alors, dans ce cas donne-moi un seul exemple de signe dont tu
parles.
Gabriel : Par moments, j’entends des voix, des bruits, et des sons mélodieux. Si tu es
attentif, si tu écoutes bien, si tu te concentres et si tu penses que c’est possible, je
suis sûr que toi aussi tu pourras les entendre. Comme nous ne sommes que deux ici,
ces sons ne peuvent venir que d’un autre monde, parallèle au notre.
Léon: Mon pauvre vieux, je te plains, ton imagination travaille trop ! En fait, tu as
tellement peur de disparaître au moment de ta naissance que tu t’inventes des trucs
pour te rassurer. Et donc, tu hallucines ! Moi je n’ai rien entendu d’autre que les
bruits de nos déplacements dans ce liquide !
Gabriel : Il paraît que quand on passe de l’autre côté, on voit une grande lumière au
bout d’un tunnel noir.
Léon: Ah oui, tu veux parler des NBE, les near bearth experiences, les expériences
aux frontières de la naissance qui surviennent dans les menaces de fausses
couches. Foutaises que tout cela !
Gabriel : Et après avoir traversé le tunnel et rencontré la lumière, nous verrons notre
mère.
Léon: Ah bon ? Parce qu’en plus, tu crois en une mère, toi ?
Gabriel : Oui, une mère qui prendra soin de nous et qui nous protègera car elle nous
aime plus que tout.
Léon: Mais voyons, réfléchis un peu, ce que tu dis est absurde ! Si cette mère
débordante d’amour existait vraiment, on le saurait ! Elle viendrait nous voir dans cet
utérus ! Elle se montrerait ! Elle ne nous laisserait pas souffrir comme ça, dans cet
endroit si petit et si noir !
Gabriel : Tu te trompes ; notre mère est partout autour de nous et nous sommes en
elle. Nous vivons et nous déplaçons grâce à elle. Nous existons grâce à elle et à
l’amour qu’elle nous porte.
Léon: Tu pètes les plombs, mon pauvre ! Tu ne vas quand même pas être comme
tous ces illuminés qui croient en Mère !
Gabriel : Quand nous passerons de l’autre côté, elle sera là et elle nous prendra
dans ses bras…
Léon: Mais tu n’existeras plus quand tu passeras de l’autre côté !
Gabriel : Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
Léon: C’est ce cordon relayé à ton abdomen qui te fait vivre. Sans ce cordon, tu n’es
plus rien et toute vie est impossible. Quand tu passeras de l’autre côté, ce cordon
sera coupé. Tu n’auras plus aucun moyen de recevoir de l’oxygène et du glucose.
Privé de ces deux éléments vitaux, tu mourras en moins de trois minutes ! Tiens,
regarde, petite démonstration ; tu vas voir ce qui t’arrive si je plis ton cordon ombilical
avec mes pieds, là !
Gabriel : AAArrrrrrrrrrr ! Gloups ! AAAAAAAAggggggg ! Arêêêêêête ! J’étouffe !
AAAAAAh !
Léon: Ah, ah ! Tu vois gros malin ce que tu deviens en quelques secondes dans ce
cordon. Tu deviens tout gris, tu meurs et tu n’existes plus, ah, ah !
Gabriel : AAAAAggggggggggggggg !
Léon: Voilà, voilà, ne t’énerve pas, je lâche. J’ai pas du tout envie d’avoir un avorton
à côté de moi, rassure-toi. J’ai juste voulu te donner une petite leçon pour que tu
restes les pieds sur le placenta. Je viens de te prouver scientifiquement que sans ce
cordon, toute forme de vie est impossible.
Gabriel : Ouf, merci.
Léon: Pas de quoi !
Gabriel : J’ai bien cru que j’allais mourir !
Léon: Alors, tu es convaincu maintenant, j’espère ?
Gabriel : Hein ?... Convaincu de quoi ?
Léon: Et bien que sans ce cordon il est impossible de vivre, tout simplement !
Gabriel : Non, pas du tout !
Léon: Quoi ???
Gabriel : Je pense que ce cordon ne nous est indispensable qu’ici ; nous n’en aurons
aucunement besoin quand nous serons de l’autre côté.
Léon: Pfffff, j’abandonne, tu es vraiment irrécupérable !
Gabriel : Après notre naissance, nous pourrons nous déplacer dans des espaces
infiniment plus grands que celui-ci. Nous aussi, nous grandirons. Notre vie, la vraie,
ne commencera qu’à ce moment-là.
Léon: Tu es complètement dingue ! En attendant, écarte-toi un peu de moi, tu
prends toute la place quand tu étends les bras.
Soudain, une violente pression s’exerce dans tout l’utérus. Léon et Gabriel son
ballotés dans tous les sens. Ils entendent nettement une grosse voix qui hurle :
« Poussez, poussez, oui, oui, voilà, c’est ça, continuez, je commence à voir une
tête ! » Le liquide dans lequel ils baignaient s’échappe en jets puissants.
Gabriel est heureux, il devine que ce bouleversement est le signe du départ d’une
nouvelle vie qu’il pense merveilleuse. Léon est d’abord terrorisé puis, peu à peu, son
visage crispé se détend, s’illumine d’un tendre sourire. Il passe l’obscurité du tunnel
utérin et aperçoit une violente lumière.
Léon: Gabriel, Gabriel, tu m’entends toujours ?
Gabriel : Oui, Léon, je ne te reçois plus que très faiblement. Bientôt, nous ne
pourrons plus communiquer de cette façon et nous aurons tout oublié de ce qui s’est
passé dans cet utérus.
Léon: Je crois que tu avais raison, Gabriel. On va retrouver notre mère. »